Du 26 mars au 18 septembre 2022
Au château

L’exposition propose un voyage au sein de neuf mondes participant d’une « contre-culture animale », dans lesquels la relation à l’animal dépasse le traditionnel face-à-face pour tendre à une transformation mutuelle au contact de l’autre : devenir animal, devenir un autre animal, c’est aussi et avant tout accepter que nous puissions désirer devenir autre, être l’autre

Longtemps, l’Homme occidental autoproclamé moderne s’est échiné à se définir par contraste avec ce qu’il ne serait pas. À la pleine humanité, rationnelle, cultivée – culturelle – qu’il était censé incarner, s’opposait un ensemble aux contours flous réunissant indistinctement des entités ayant pour seul point commun leur prétendue non-humanité : la Nature. Parce qu’il nous serait le plus proche, l’animal occupait une place de choix dans cette construction. Sauvage ou domestique, meilleur ami ou pire ennemi, docile compagnon ou bête sanguinaire, l’animal est le règne dont l’humain se serait extirpé pour s’élever et dominer une Nature qu’il guidera désormais sur le chemin de l’évolution et du progrès.

Sauf qu’il n’en est rien. Le modèle est battu en brèche de toute part. Noé n’était pas si bon charpentier : l’Arche prend l’eau. Il est temps de revoir les récits héroïques que nous nous racontions, à commencer par cette prétendue distinction entre l’humain et l’animal. D’abord parce que le premier, sujet sensible et intelligent tout à la fois, n’a jamais cessé d’être un animal : un être vivant, biologique, mû par des besoins et des désirs. Et qu’à l’inverse, peut-être que le second n’a jamais cessé d’être aussi un sujet, à la fois sensible et intelligent. Notre rapport à l’autre animal doit alors être entièrement réévalué, en l’envisageant comme une relation entre deux personnes qui coexistent voire cohabitent, pour le meilleur comme pour le pire, et qui dès lors doivent se comprendre.

Pour cette exposition, huit artistes et un collectif, reconnus et particulièrement actifs sur la scène française actuelle ont été invités à investir les espaces du château. Elle propose un voyage au sein de neuf mondes participant de cette « contre-culture animale », dans lesquels la relation à l’animal dépasse le traditionnel face-à-face pour tendre à une transformation mutuelle au contact de l’autre : devenir animal, devenir un autre animal, c’est aussi et avant tout accepter que nous puissions désirer devenir autre, être l’autre. Ces artistes investissent des figures ou des corps animaux pour questionner les rôles et les identités jusqu’alors assignés à chaque être vivant et ouvrir à un tissage mouvant et inventif d’interrelations multiples.

Katia Bourdarel, Je suis une louve, 2012 – Vue de l’exposition « Devenir [un autre] animal », Domaine départemental de Chamarande, 26/03/2022 – 18/09/2022 – Photo : Fr. Lauginie / Département de l’Essonne – © Katia Bourdarel, 2022
Edi Dubien, Devenir un autre animal (cocon), 2022 – Vue de l’exposition « Devenir [un autre] animal », Domaine départemental de Chamarande, 26/03/2022 – 18/09/2022 – Photo : Fr. Lauginie / Département de l’Essonne – © Edi Dubien, 2022

Ils en parlent

  • Dans le cadre du cycle d’expositions « Je suis un animal », consacré aux passages et aux glissements entre les mondes animaux et les mondes humains