Un Lieu chargé d’histoire(s)

Dès la période gallo-romaine, le site est occupé ; vers 811-814, il appartient à ARTELD, envoyé spécial de Charlemagne et frère de son biographe Eginhard. Puis se succèdent les seigneurs de Bonnes dont les patronymes marquent l’histoire de France tels ceux de Jean COCATRIX (1358-1361), LOUIS Dauphin de France (1409-1412), Gaucher de CHÂTILLON (1413) ou encore Jean et François HURAULT (1564-1603). À la fin du XVIe siècle, les archives décrivent après les guerres de religion (1562-1598) un « vieux château en partie détruit ».

1603-1668 > Un château en brique et pierre à l’histoire revisitée…

Au début du XVIIe siècle, François MIRON, initiateur de l’assainissement de Paris et financeur des travaux de l’Hôtel de Ville, fait réaliser l’actuel corps central du château. Cette nouvelle datation de l’édifice s’appuie sur une étude récemment menée par Ædificio qui confronte observations d’ordre constructif-archéologique et découverte de documents d’archives. Grâce à une analyse dendrochronologique (datation scientifique des pièces de bois), il est désormais avéré que la première tranche de travaux se situe juste après 1603 ; en regard, l’analyse typologique confirme l’existence d’une demeure de plan massé, c’est-à-dire avec un corps de logis simple et sans ailes latérales.

C’est dans un second temps, entre 1644 et 1648, qu’Anne de BAILLON, veuve de Jean Miron, entreprend la construction des deux pavillons latéraux flanquant le corps central ; sont alors réalisés les pavillons d’entrée, celui de la chapelle et celui de l’horloge, avec un chemisage des façades des communs dans le même style dit aux trois couleurs (brique, pierre et ardoise).

Interrompus par la Fronde dès 1648 et par le siège d’Étampes (1652), les travaux reprennent en 1654 avec Pierre MÉRAULT, sous la conduite de Nicolas De Lespine : achèvement des pavillons, couverture du château et des communs par des combles mansardés (comble brisé dont chaque versant a deux pentes), remplacement du pont-levis, pavage des abords du château et plantation de 300 ormes dans l’allée d’honneur. Il fait également décorer la chapelle par le sculpteur et garde des marbres du roi Louis Lerambert, et reçoit en 1663 l’autorisation de l’archevêque de Paris « d’avoir une chapelle pour faire célébrer le service divin en son chasteau de Bonnes ».

1684-1850 > Le Domaine des Ornaison-Talaru, entre cour et jardin

Elévation du château de Bonne par F. De La Pointe – 1689

À l’époque de Clair-Gilbert d’ORNAISON sont réalisées les plus anciennes représentations graphiques – aujourd’hui connues – du château et du parc ; elles sont signées et datées F. De La Pointe 1689. Le Domaine connaît son apogée sous l’Ancien Régime avec Louis de TALARU qui s’attache, de 1739 à 1763, les services de l’architecte et dessinateur de jardins Pierre Contant d’Ivry pour aménager les abords du château, décorer les pièces de sa demeure (Salon blanc), créer un jardin régulier dit à la française et implanter diverses fabriques sur le Domaine. Vers 1782, César-Marie de TALARU transforme le parc en jardin irrégulier dit à l’anglaise : les parterres, bois et bosquets sont remplacés par des prairies, les allées droites par des allées sinueuses, les étangs préférés aux bassins ; seuls sont conservés le Buffet d’eau, le Potager, le Jeu de l’oie et le bois qui l’entoure.

1850-1977 > Une propriété majestueuse marquée par des temps de splendeur et d’abandon    

Après la proclamation de la succession des Talaru au milieu du XIXe siècle, la vente par lots d’une grande partie des terres amène une profonde modification du fonctionnement du Domaine : les sources de revenus fonciers se tarissant, le château devient une charge importante pour les propriétaires qui alternent période d’exploitation, d’aménagement voire d’abandon. 

En 1852, René ROBINEAU effectue un achat à vocation spéculative : revente de parcelles, absence d’entretien du bâti et abattage d’une partie des arbres destinés à la revente. Puis, c’est le flamboyant Jean-Gilbert Victor FIALIN, duc de Persigny, qui fait appel à l’architecte Eugène Godebœuf pour construire une galerie au rez-de-chaussée du château dédiée aux souvenirs héraldiques des premiers propriétaires, et au paysagiste Paul de Lavenne, comte de Choulot, pour réhabiliter le parc. Éphémère propriétaire à la fin des années 1870, Anthony Aristide BOUCICAUT est un passionné d’agronomie et de nature : il fait transformer les marais en pâturages, construire une ferme d’été et un chenil par l’architecte Oudin ; il confie la décoration de la Salle à manger des Chasses, dans un goût néo-Renaissance, à l’ébéniste Henri-Auguste Fourdinois.

À partir de 1922, et jusqu’en 1951, l’association des Scouts de France a la jouissance du Domaine qui devient un haut lieu de formation avec l’organisation du Camp-École de Chefs. Occupé par les Allemands puis réquisitionné par les Américains et les Forces françaises intérieures, le Domaine est constitué en 1946 par Marthe JAMES HYDE et ses filles Jacqueline THOME-PATENÔTRE et Marguerite de CONTADES en Société Civile Immobilière (SCI) Domaine de Chamarande dont Scylla Mione est nommée administratrice unique en 1957.

Son père, Auguste MIONE, entrepreneur en bâtiment, est le dernier propriétaire privé : il rénove le site, construit des logements pour ses employés et installe de nombreux équipements socio-culturels ouverts à tous.

Le château du temps d’Auguste Mione

En 1972, sa société est mise en liquidation, et le Domaine de nouveau laissé à l’abandon ; en 1977, le préfet de l’Essonne demande son classement.

Depuis 1978 > Un Domaine pour les Essonniens, entre patrimoine, mémoire et création

Dernier propriétaire, le Conseil général de l’Essonne engage des travaux dès 1983 ; des campagnes de restauration du patrimoine bâti et paysager se succèdent au fil des décennies : réhabilitation du parc par le paysagiste Jacques Sgard (1992-2000), installation des Archives départementales dans la cour des communs et réalisation d’un silo de 30 mètres de profondeur avec un capacité de 35 kilomètres de documents pour stocker les neuf siècles d’histoire essonnienne (1997-1999), restauration du clos et du couvert du château (1999) ; création du Fonds départemental d’art contemporain en 2001 et inauguration des espaces de conservation des œuvres à La Fabrique en 2012.

CHRONOLOGIE

2001

Un domaine accessible à tous

2012 bal baroque

En 2001, le Conseil général décide de faire du Domaine départemental de Chamarande un équipement culturel phare de l’Essonne, chargé de renouer avec la création artistique contemporaine à partir de son cadre naturel et accessible à tous.

1999

L’installation des Archives départementales

En 1999, les Archives départementales emménagent dans les anciens communs du château et sous la cour où un silo de plus de 20 mètres de profondeur, sur 8 niveaux, est construit pour accueillir les magasins de stockage ; y sont conservés 15.000 m d’archives, soit plus 900 ans de lecture avec le document le plus ancien qui remonte au début du XIIe siècle.


La Porte des Écritures 1796/1999
, porte en verre sablé extra blanc créée par l’artiste Anne Deguelle en 2004, symbolise ce franchissement des siècles et des frontières pour faire réapparaître l’objet d’histoire et de mémoire.

https://archives.essonne.fr/

1978-1980

L’acquisition par le Conseil général

CONSEIL GÉNÉRAL DE L’ESSONNE

Le Domaine devient propriété du Conseil général de l’Essonne par adjudication. Le site est classé en 1977, et le château en 1981.

1957-1972

La construction du Centre Mione

En 1957, le Domaine est à l’abandon quand l’entrepreneur de travaux, d’origine italienne, Auguste Mione (1898-1982), l’acquiert. Il décide de réhabiliter le site, et choisit d’y implanter le siège de son entreprise de bâtiments : la Construction Moderne Française (CMF).

Auguste Mione

Entre 1959 et 1961, un bâtiment flambant neuf est construit : le centre médico-social. L’édifice, dédié aux parents de Mione, abrite des salles de soins, agréées et conventionnées par la Sécurité Sociale, ouvertes en priorité au personnel mais aussi aux habitants du village.

Centre Mione

Jusqu’en 1962, de vastes travaux sont entrepris pour restaurer le château et les bâtiments environnants : appartements privés, bureaux, logements de fonction et espaces communs. Le château constitue une véritable ruche ; plus d’une centaine de personnes travaillent en permanence sur le Domaine, et pour la plupart y résident.

Des équipements sportifs sont également réalisés : un gymnase de 300 m², un sauna finlandais avec une salle de massage et de soins esthétiques, une piscine extérieure chauffée et des terrains de tennis, de volley-ball et de basket-ball.

En quelques années, Mione concrétise ainsi son ambitieux projet d’installer sur le site de Chamarande une entreprise qui mêle l’économie, la technique et le social. Aujourd’hui, le Centre Mione est un lieu d’accueil et d’hébergement pour les groupes et les scolaires venant en séjour sur le Domaine.

1922-1948

La présence des Scouts de France

LES SCOUTS DE FRANCE

Madame Thome autorise les Scouts de France à installer sur le Domaine le centre de formation du mouvement ; le 1er camp national a lieu en 1922.

Par la suite, s’y déroulent les formations des chefs éclaireurs, cheftaines et chefs louveteaux, commissaires et aumôniers. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le Domaine est occupé par l’armée allemande puis l’armée américaine.

Les scouts réinvestissent les lieux après guerre, mais les héritiers Thome décident en 1948 de mettre le Domaine en vente, ce qui met fin à leur présence sur le site.

1876-1879

Anthony Boucicaut

ANTHONY BOUCICAUT

Au château, le nouveau propriétaire Anthony Boucicaut (1839-1879) fait aménager une salle à manger dans le style néo-renaissance, l’actuelle salle des chasses.

Le fils du fondateur du Bon Marché, passionné par les évolutions en matière agricole, fait également construire une ferme et un chenil pour y mener des expérimentations

1857-1872

Le duc de Persigny

DUC DE PERSIGNY / COMTE DE CHOULOT D8-©-DR

Homme d’État du Second Empire, Jean-Gilbert Victor Fialin (1808-1872), duc de Persigny, devient propriétaire du Domaine en 1857.

Il s’attache à doter le château d’une galerie d’apparat, et clôture le Domaine d’un mur d’enceinte en pierre. Pour le parc, il fait appel au paysagiste Paul de Lavenne (1794-1864), comte de Choulot, qui accentue le caractère d’un jardin à l’anglaise, notamment par la plantation d’essences exotiques.

1739-1763

L’aménagement du domaine par Pierre Contant d’Ivry

LOUIS DE TALARU / PIERRE CONTANT D’IVRY

En 1737, Louis de Talaru, marquis de Chalmazel, hérite du Domaine de Chamarande. Premier maître d’hôtel de la Reine, il sollicite dès 1739 l’architecte et décorateur Pierre Contant d’Ivry (1698-1777) pour redessiner le jardin, réaménager l’entrée de la cour d’honneur et repenser la distribution des pièces du château, notamment le vestibule et le salon de musique.

Dans le parc, sont créés parterres, allées, canaux et bosquets. Aujourd’hui, le site conserve cette ordonnance générale et quelques fabriques – l’auditoire, l’orangerie, le pavillon du belvédère, le buffet d’eau, le potager et le jeu de l’oie.

1685

De la terre de Bonnes au comté de Chamarande

DE LA TERRE DE BONNES AU COMTÉ DE CHAMARANDE D6-©-DR

L’appellation Domaine de Chamarande apparaît tardivement. Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, le lieu est désigné comme terre de Bonnes.

C’est en 1685 que le nouveau propriétaire Clair Gilbert d’Ornaison, dont la famille possède la terre de Chamarande en Forez (entre Lyon et Clermont-Ferrand), obtient par lettres patentes que la terre de Bonnes soit érigée en comté de Chamarande ; la famille d’Ornaison-Talaru reste propriétaire du Domaine jusqu’en 1850.

1654-1668

Les travaux de Nicolas de Lespine

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Interrompus par la Fronde dès 1648 et par le siège d’Étampes (1652), les travaux reprennent en 1654 avec Pierre Mérault, sous la conduite de l’architecte Nicolas De Lespine : achèvement des pavillons, couverture du château et des communs par des combles mansardés, remplacement du pont-levis, pavage des abords du château et plantation de 300 ormes dans l’allée d’honneur.

En 1663, la chapelle – décorée par le sculpteur et garde des marbres du Roi Louis Lerambert – est consacrée par l’archevêque de Paris « pour faire célébrer le service divin en son chasteau de Bonnes ».

1603-1654

François Miron et ses descendants

FRANÇOIS MIRON & SES DESCENDANTS

Après 1603, François Miron, prévôt des marchands de Paris, fait réaliser une demeure de plan massé (corps de logis simple sans ailes latérales) constituant l’actuel corps central du château.

Puis, son fils Jean Miron agrandit le Domaine, et c’est entre 1644 et 1648 que sa belle-fille Anne de Baillon entreprend la construction des deux pavillons flanquant le corps central ainsi que des pavillons d’entrée (chapelle et horloge), avec un chemisage des façades des communs dans le même style dit aux trois couleurs (brique, pierre et ardoise).