Depuis 2001, le Domaine départemental de Chamarande fait dialoguer l’histoire et le contemporain, le vivant et la création, l’art et la nature. En 2022, il aborde une autre facette de la relation entre la culture et la nature, en consacrant son programme d’expositions aux phénomènes de glissements et de passages entre les mondes humains et les mondes animaux. Intitulé « Je suis un animal », ce programme se déclinera de mars 2022 à février 2023 en expositions personnelles et collectives d’artistes invités et présentés dans les murs, au château et dans l’orangerie du Domaine, ainsi que sur tout le territoire essonnien.

Depuis l’art pariétal préhistorique (grotte de Lascaux par exemple) jusqu’aux œuvres les plus contemporaines, les animaux sont régulièrement au cœur de la création artistique. Certaines œuvres s’envisagent cependant moins comme de simples représentations que comme des passages entre deux mondes : celui de l’auteur humain d’une part, et celui du sujet animal d’autre part… Des œuvres chargées d’une intention : provoquer la rencontre et l’apprivoisement mutuel, voire une métamorphose et un devenir autre.

L’Occident s’est échiné à repousser ces pratiques à la lisière de la culture réputée moderne, menacée dans ses certitudes rationalistes et naturalistes. Pourtant, ces glissements semblent partout présents, en particulier dans les cultures populaires d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs. Ainsi les animaux parlent, pleurent et rient dans les dessins animés de Walt Disney comme dans les fables de La Fontaine et les mythes des Nez-Percés du Nord-Ouest américain. Les sculptures d’hommes-lions du paléolithique font autant écho aux centaures grecs qu’aux loups garous de la saga Twilight et aux hommes léopards babembe du Sud-Kivu (République démocratique du Congo). Ces exemples de pratiques, qui obéissent à des logiques ou à des modes de pensées très différents, ont en commun de mettre en cause la vision occidentale de l’animal : un être dénué de toute intériorité.

Aujourd’hui, de nombreux artistes participent de cette « contre-culture animale ». Ils investissent à leur tour la figure et le corps de l’animal pour questionner les rôles et les identités jusqu’alors assignés à chaque être vivants, voire s’en libérer.

La saison sera marquée par trois temps forts. Elle s’est ouverte le 26 mars avec l’exposition « Devenir [un autre] animal », pour laquelle huit artistes et un collectif ont été invités à investir chacun l’un des espaces d’exposition du château. Puis, à partir du 4 juin, l’orangerie accueillera une installation d’Odonchimeg Davaadorj. Ces deux expositions se termineront le 18 septembre, à l’issue des Journées européennes du patrimoine, pour laisser la place, à partir du 15 octobre, au duo Art Orienté Objet. L’exposition, présentée dans le château, reviendra sur trente ans de pratiques au cours desquels Marion Laval-Jeantet et Benoit Mangin n’ont eu de cesse d’interroger notre rapport aux autres formes du vivant. A l’orangerie sera déployée une exposition collective dont le commissariat leur a été confié.