Glen Baxter, Sans titre, 2004 – Collection du FDAC de l’Essonne, Chamarande

Les trois dessins de la collection du FDAC de l’Essonne abordent un des sujets les plus trivial et quotidien : le repas de famille. Tout y est cependant traité avec dérision et avec une prédilection pour l’humour du contresens qui fait que chacun de ces événements apparemment ordinaires finit par prendre une tournure grotesque. Les saynètes très inspirées par les livres pour enfants des années 1940 aux Etats-Unis produisent un décalage saisissant avec l’incongruité du texte et renforçant ainsi le burlesque de la scène.

Que ce soit découper un rôti à la tronçonneuse, préparer le repas dans une brouette ou ouvrir une bouteille avec un marteau et un burin, tout est disproportionné, exagéré. L’outils choisi par ses personnages n’a aucun rapport avec leur objectif comme si nous étions devant des personnages sombrant dans la folie. La naïveté dans la représentation des scènes qui sortent tout droit d’un livre pour enfant ajoute un côté effrayant et presque tragique aux scènes. Il y a un tel écart entre les situations, en elles-mêmes délirantes, et les expressions très banales écrites en légendes que la lecture du texte désamorce complètement les scènes et provoque le rire. Le texte devient un sarcasme jubilatoire et l’image reprend du sens. Comme Glen Baxter le dit lui-même, les fantômes de Raymond Queneau, Robert Desnos, Lewis Caroll, Raymond Roussel, Samuel Beckett, René Magritte ou Man Ray flottent dans tous ses dessins : autant dire une vaste famille d’artistes qui s’immiscent dans les interstices entre les mots secs et l’imaginaire fertile, la pensée conceptuelle et l’humour subtil, la fantaisie de la vie et le tragique existentiel.