Les 100 hectares du Domaine de Chamarande forment un livre ouvert sur l’histoire de l’art des jardins. Les propriétaires, architectes et paysagistes ont apporté leur touche à ce lieu, lui conférant une identité multiple.

Au XVIIe siècle, le jardin classique

Au XVIIe siècle, autour du château, se développe un jardin régulier et classique composé d’une allée d’honneur, de parterres de broderies suivant un axe passant par la façade du château. En contrebas, la prairie, destinée à des usages agricoles et domestiques, est quadrillée de fins canaux, perpendiculaires à l’axe de composition, afin de drainer l’eau.

Au XVIIIe siècle, le nouveau jardin régulier

Dans la première moitié du XVIIIe siècle, la propriété est agrandie et un nouveau jardin régulier prend place, dessiné par Pierre Contant d’Ivry. Entre régularité et premières formes sinueuses, il exprime son talent dans la variété des formes et des dessins. Les boisements sont tracés d’allées et le jardin ponctué de bosquets et de fabriques : jeu de l’oie, fer à cheval, pavillon du belvédère, etc.

D’importants aménagements hydrauliques sont également mis en place (comme le buffet d’eau), alimentés par des sources captées dans le village, et quatre grands canaux ornent la prairie humide (le canal des houx, le canal à glace, le canal neuf et le canal du Prateau).

Au XVIIIe siècle, vers un parc irrégulier

Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, le jardin voit sa première transformation vers le jardin irrégulier. Certains éléments de composition dessinés par Contant d’Ivry sont abandonnés : dans la partie basse du parc, proche de la Juine, deux canaux (le canal à glace et le canal neuf) cèdent la place à un étang avec une île. Il est possible que cette transformation ait été faite sous l’influence de Hubert Robert, qui travaillait à la même époque au domaine de Méréville.

Au XIXe siècle, un parc paysager

Suite à la révolution, les biens sont séquestrés, et des parcelles du domaine vendues. Plus tard, la réalisation de la tranchée du chemin de fer Paris-Orléans va légèrement amputer le parc de sa partie boisée au sud-ouest, mais également le priver des sources du coteau.

Le XIXe siècle correspond à la mode des jardins paysagers, le domaine de Chamarande complète sa transformation dans le style irrégulier. 

De nombreux arbres, dont des végétaux persistants et des essences du nouveau monde, sont plantés. Le parc est redessiné par Paul Delavenne, Comte de Choulot, qui effacera les dernières dispositions rectilignes organisant les plantations, en reprenant les tracés des allées suivant des courbes très amples, et en substituant de grandes pelouses aux boisements. Cependant des bosquets de grands arbres ainsi que des éléments de décor (comme le buffet d’eau) sont conservés et intégrés dans la mise en scène.

Au XXe siècle, abandons et prises en main successives du parc

Au XXe siècle, le parc est à l’abandon et connaît des prises en main successives. L’absence de gestion aura pour conséquence de voir les pelouses recolonisées par des boisements spontanés.

L’entretien du parc sera repris par Auguste Mione, propriétaire dès 1957, qui sera également à l’origine de quelques initiatives tels la plantation de l’alignement de tilleuls ou l’exploitation du marais par une peupleraie.

Au XXIe siècle, un parc composite

Suite à l’acquisition par le département de l’Essonne en 1978 du domaine de Chamarande et de la forêt du Belvédère, le paysagiste contemporain Jacques Sgard mène dès 1992 une réflexion sur le parc et sa gestion à court, moyen et long terme.

Il propose d’intégrer les empreintes des différents siècles de l’histoire du jardin et de valoriser sa situation dans un paysage remarquable. Il sera question, notamment, d’abattre la peupleraie en place dans le marais afin d’ouvrir les perspectives sur la vallée de la Juine, de planter cyprès chauves et chênes des marais afin de veiller à la régénération des anciens sujets, d’ouvrir une perspective dans les boisements dans le prolongement de l’axe passant par la façade du château, de valoriser les sous-bois par la plantation de bulbes à floraison printanière, …etc.

Au XXIe siècle, le domaine de Chamarande est donc un jardin composite, offrant un millefeuille de tracés depuis ses origines.