Cet hiver, lors de vos promenades, vous remarquerez de nombreux abattages d’arbres dans le domaine.

Ils font suite aux diagnostics phytosanitaires établis par un bureau d’études spécialisé en expertise arboricole.

Commandés régulièrement par le département, à la fois sur l’ensemble des arbres formant les lisières des boisements et sur les arbres dit « ornementaux » dans les parties les plus ouvertes, l’objectif est d’apprécier l’état général et mécanique de chaque arbre afin d’assurer votre sécurité à proximité des cheminements et des espaces accessibles.

Parfois impressionnantes, ces interventions font pourtant pleinement partie de la gestion du jardin comme patrimoine vivant répondant à l’évolution des enjeux artistiques, historiques, paysagers, écologiques et environnementaux. Ces dernières années, nous assistons à l’augmentation de ces abattages, qui ont la spécificité de ne concerner qu’essentiellement les frênes atteints de la chalarose. 

Si l’ensemble du domaine présente plus de 70 essences différentes, nombreuses sont celles représentées par seulement quelques sujets. Cependant, le frêne et l’érable sycomore, sont les essences les plus présentes, notamment dans les boisements. En effet, ces deux essences pionnières sont typiques des boisements spontanés qui ont recolonisées les prairies lorsque le parc connaît une absence de gestion au XXe siècle.

Ainsi la problématique sanitaire de la chalarose du frêne, mais aussi de la suie des érables et de l’armillaire, compromet l’ensemble des boisements à court et moyen terme et modifiera les ambiances paysagères du domaine par leur dépérissement naturel et les abattages visant à sécuriser le domaine contre les chutes d’arbres.

Les essences présentes sont différemment touchées par les champignons parasites. Certains individus sont parasités par plusieurs pathogènes. Le frêne est le plus infecté car l’installation de l’armillaire semble facilitée par la présence de la chalarose. Ainsi la probabilité de contamination de nouveaux sujets est très élevée et la dégradation des frênes s’est fortement accélérée avec une augmentation très importantes de sujets dangereux. En effet, la multiplication des foyers favorise l’infection de nouveaux sujets implantés à proximité. L’armillaire, étant polyphage (= qui attaque tous les arbres) aura la possibilité de parasiter un grand nombre d’individus implantés à proximité des frênes parasités. Ces arbres n’ont plus d’avenir et peuvent avoir leur système racinaire dégradé par l’armillaire sans que les symptômes de sa présence soient exprimés par l’arbre. 

Dans le même temps que l’urgente gestion sécuritaire et sanitaire, se pose la question d’une vision à long terme du devenir du jardin. Il s’agit de repenser la gestion du patrimoine arboré selon différents critères, à la fois naturels et culturels, dans le respect de ce domaine protégé au titre des Monuments Historiques et des Sites.

Ainsi, selon les enjeux de chaque scène paysagère et habitat écologique, il s’agira de profiter de l’ouverture des milieux pour :

  • remettre en lumière des vestiges historiques et retrouver une cohérence de composition entre les différents milieux ;
  • permettre l’expression d’une biodiversité par le maintien de prairies ouvertes et donc d’une richesse floristique et faunistique associée ;
  • accompagner la régénération naturelle et plantée des boisements à travers une diversification des essences, intégrant la très actuelle problématique d’adaptation face au changement climatique.

Il est important de noter que ces actions sont et seront accompagnées par un suivi écologique, notamment pour la préservation de certains arbres repérés comme potentiels loges pour chiroptères.